Cirkopolis : entre rêve et réalité
Ça vous arrive à vous aussi de vous réveiller et de vous rappeler de vos rêves ?
Des rêves souvent bizarres, un brin oppressant où l’on ne sait pas toujours où l’on est, où les actions s’enchaînent curieusement. Des rêves où pourtant l’on se surprend à la poésie d’un instant et qui finissent en apothéose au point qu’une fois réveillé, on a envie de se rendormir pour y retourner ?!
Et bien Cirkopolis, par le Cirque Eloize, c’est ça !
Pour entrer dans le rêve, il vous faudra descendre au plus profond (de vous même) du centre commercial Italie 2. On y trouve la toute nouvelle salle du 13ème art. Simple et bien pensée, on s’y installe confortablement dans une ambiance fraîche et on se laisse aller à rêver…
L’univers onirique d’un Tim Burton
Le rêve se passe dans une ville futuriste. Une ville dont le cœur fonctionne avec des rouages qui s’entremêlent et qui donnent à l’ambiance grisâtre une touche Tim Burtonesque. Je ne sais pas si vous l’avez vu, mais j’ai tout de suite associé cela au générique de Sweeny Todd, le barbier de Fleet Street.
Les sons, papotages et couleurs du gris contrasté aux couleurs primaires rappellent aussi l’univers du réalisateur.
Ne nous le cachons pas : le décor est planté et c’est un peu oppressant. On se dit « ouh là là, pourvu que ça ne dure pas car si c’est une satire sociale, c’est un cauchemar« . Heureusement, je vous rassure, ça ne dure pas !
Et voilà pourquoi…
L’ambiance industrielle d’un Charlie Chaplin
Ce qui fait que ça ne dure pas, c’est cette autre comparaison : Cirkopolis, c’est aussi un peu Les Temps Modernes de Chaplin. On a la sensation d’être en temps de guerre et en même temps dans les années folles, dans une ville sous-terraine où l’on fabrique, construit, administre sans réfléchir. Une espèce de mécanique industrielle et ouvrière bien huilée.
Et pourtant, si un malaise s’installe a priori, le rire éclate et apporte toute la lumière au spectacle. Dans le public, les enfants rient aux éclats. Cirkopolis est un cirque, les clowns sont donc bien présents. Mais on ne les reconnait pas : tous les codes sont cassés ! Seules les émotions nous permettent d’identifier les personnages classiques du genre.
On s’émerveille aussi devant les numéros poétiques. On s’émeut, on s’inquiète aussi. On danse presque parfois. On est vraiment dans cet univers Chaplin : un premier plan léger et distrayant sur un fond plein de sens qui questionne. De toute beauté !
Cette ambiguïté participe au rêve, cette sensation bizarre « d’entre deux » quand on se réveille, vous savez ?! C’est toujours ce que j’ai remarqué dans les miens : tantôt à l’aise, tantôt mal à l’aise. Autre part.
La performance du cirque-opolis
Comme je le disais plus haut, Cirkopolis est un cirque. Et quelle performance ! J’ai rarement vu un tel niveau artistique : cirque + danse + théâtre, tout y est.
Je me répête, mais j’ai rarement vu un aussi beau spectacle de cirque et c’est pourquoi je vous le recommande. Plus proche du Cirque Leroux que de Timéo (plus grand public) ou que de Love Circus, Cirkopolis défend une nouvelle vision du cirque, plus moderne, plus artistique, plus complète.
Je me plais à comparer Cirkopolis du Cirque Eloize au cinéma d’auteur.
Le show est entièrement chorégraphié donnant aux tableaux une dynamique particulière parfaitement exécutée.
On découvre des numéros bluffants, parmi lesquels je retiens :
- Le numéro du cerceau : je n’avais jamais vu cette discipline auparavant
- Le numéro du diabolo : certes connu, mais j’ai été bluffée par la performance incroyable proposée. Mes yeux ne savaient plus où se poser.
- Le numéro de la roue : j’ai eu peur à chaque instant que les artistes se fassent écraser. Mais non, bien joué !
On retrouve aussi tous les arts traditionnels du cirque : jongleurs, trapézistes, voltigeurs, contorsionnistes… Mais là encore, tous plus bluffants les uns que les autres, et dans une démonstration toute autre que sous le chapiteau traditionnel.
Les décors y sont aussi pour beaucoup et aident à se projeter dans cet univers étonnant. Quant à la fin, sans trop en dire, ce joyeux bazar vaut la peine d’être vu. Ne serait-ce que pour décortiquer, là encore, le feu d’artifices de performances proposées.
Un spectacle à voir, pour tous ceux qui aiment la performance, l’expression corporelle, et l’expression scénique !
Cirkopolis
- Théâtre le 13ème art., 2 avenue d’Italie, 75013 Paris
- Jusqu’au 29 octobre 2017 Du mardi au samedi à 21h | Les mercredis et samedis à 16h | Le dimanche à 15h
- Place d’Italie lignes 5, 6 et 7
- A partir de 32€
- 01 53 31 13 13
Pour plus de détails, consultez le site du Cirque Eloize