De toutes les romancières, c’est Sagan qu’elle préfère…

Celle là on ne l’avait pas vu venir ! Souvenez-vous… « de toute les matières c’est la ouate qu’elle préfère », un tube incontournable des années 80.

Une fantaisie et une gouaille toute particulière, Caroline Loeb a fait naître un personnage nocturne farfelu et provocateur pour notre plus grand plaisir.

Aujourd’hui elle poursuit une nouvelle carrière artistique en proposant des choix audacieux, comme ce seul en scène singulier et saisissant. Un choix particulier qui raisonne comme une évidence pour cette star d’un tube des 80s qui est en fait une artiste aux facettes multiples… alors pari véritablement réussi ?

Le peach : Grâce au recueil de ses interviews publié chez Stock, Caroline incarne Françoise Sagan à travers un monologue teinté d’émotion et qui draine de nombreux sujets, parfois drôles parfois tragiques de cette écrivaine hors norme. Sa vision des hommes, du monde, l’argent qui lui glisse entre les mains, sa passion pour le jeu, ses victoires, ses drames personnels, tout y passe.

Mon avis sur Françoise par Sagan

Un très beau seul en scène soigné, élégant, qui dépeint la vie d’une femme éminemment ancrée dans la bourgeoisie parisienne des années 60. Devenu célèbre trop rapidement, Sagan n’a de cesse de côtoyer cette nouvelle notoriété avec excès, maladresse parfois même indifférence, incompréhension.

C. Loeb épate à travers cette retranscription, on ressent toute la résonance personnelle que Sagan a pour cette femme énigmatique et décalée.

Un très bon moment servit par une mise en scène léchée, un noir et blanc envoûtant, une lumière feutrée et des poses lascives aux 4 coins de la scène, un bel effort pour occuper l’espace et explorer les différentes facettes du personnage. Un grand bravo !

Jouer la comédie, un juste retour des choses pour C. Loeb

On la connait surtout pour son emblématique single « c’est la ouatte » en 1986 écrit par ses soins avec l’aide de son acolyte de l’époque Pierre Grillet. Un titre devenu un hymne des années 80 et qui dépassera les 300 000 ex vendus en France en 1987, ce qui a un peu éclipsé les premières ambitions professionnelles de la jeune femme.

En effet, avant cet aparté musicale, elle suit le cours Florent auprès de J.P Darroussin sous la direction de F. Huster, et devient comédienne au théâtre notamment au Théâtre Le Palace à l’époque. S’en suit cette parenthèse musicale portée par 2 albums dans les années 80 et 6 singles.

Elle découvre finalement une passion pour la mise en scène dès 1993, et compte depuis pas moins de 30 réalisations artistiques au théâtre.

Et en 2013 elle propose son 1er seul en scène au Festival d’Avignon sur George Sand qui lui redonne définitivement le goût d’être au-devant de la scène. Un pari réussi, le spectacle se produira dans plusieurs salles et notamment à Paris en 2015.

Une nouvelle réalisation sobre et documentée

Étonnamment, malgré son amour de la mise en scène, cette tâche est ici confiée au très caustique et atypique Alex Lutz. Une mise en scène sobre, un noir et blanc envoûtant et une mise en lumière minutieusement choisie, « passive, elle est pensive », C. Loeb est plus qu’à son avantage pour nous délivrer ce texte emprunt de nostalgie, tristesse, émotion, tendresse… Pas d’excès, une gestuelle contrôlée, et une perruque blonde bien vissée, elle parvient à restitué  un peu de cette femme hors du commun.

Petit bémol cependant, F. Sagan a eu une vie pleines de tumultes, notamment un accident de voiture grave qui a jamais changé sa perception du corps et de la fragilité des êtes, à mon sens c’est le point clé de cette vie insouciante…peut être ce chapitre aurait il mérité plus d’importance dans le spectacle ? Peut être aurait il fallu une chronologie de sa vie en lien avec les textes retranscris et une transition plus logique d’un sujet à l’autre? A méditer…

  • Aller voir Françoise par Sagan
  • Théâtre du  marais, 37 rue Volta, 75003 Paris
  • les lundi 19 et 26 mars à 19h
  • Métro 3 : temple ou arts & métiers
  • 16.45€ au lieu de 21.45€ avec billetreduc